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vendredi 3 février 2017

Les arguments étonnants d’Emmanuel Macron sur son utilisation de l’argent public

Le 03/02/2017
 
Emmanuel Macron le 2 février au Salon des entrepreneurs à Paris.                
Emmanuel Macron le 2 février au Salon des entrepreneurs à Paris. - Francois Mori/AP/SIPA

Publié le 02.02.2017


PRESIDENTIELLE: Le candidat d’En marche ! est soupçonné d’avoir utilisé une partie des crédits de son ministère pour préparer sa candidature présidentielle…
 
Dans le fracas des révélations actuelles sur François Fillon (beaucoup) et Marine Le Pen (un peu), une autre polémique liée à un candidat à l’élection présidentielle est passée inaperçue.
Les journalistes Marion L’Hour et Frédéric Says, auteurs de Dans l’enfer de Bercy (éd. JC Lattès, paru le 25 janvier, jour des premières révélations sur l’affaire Fillon), ont établi que l’ancien ministre de l’Economie Emmanuel Macron « a utilisé à lui seul 80 % de l’enveloppe annuelle des frais de représentation accordée à son ministère par le Budget, en seulement huit mois, jusqu’à sa démission en août », écrivent les deux journalistes.
 
Soit 120 000 des 150 000 euros alloués pour l’ensemble de l’année 2016.
 Invité de TF1 mercredi soir, Emmanuel Macron a été questionné par Gilles Bouleau à ce sujet, et s’est justifié en trois points.

 


Premier argument
« J’assume totalement cela, j’ai été un ministre actif durant mes deux ans d’exercice de cette fonction. J’ai beaucoup voyagé, j’ai été dans les capitales européennes, je l’ai fait pour ma fonction de ministre. Je n’ai pas utilisé cet argent pour le mouvement En Marche ! »
Explication
 
Les auteurs du livre sur Bercy n’accusent pas Emmanuel Macron d’avoir financé son mouvement avec l’argent public.
 En revanche, les témoignages et les chiffres qu’ils ont apportés (confirmés par le candidat lui-même) dessinent l’image d’un ministre recevant au frais du contribuable « des hiérarques religieux, des philosophes, des responsables associatifs, tous estimables, mais qui n’avaient pas grand-chose à voir avec les attributions officielles du ministre, économie, industrie et numérique ».
Bref, Emmanuel Macron, qui « multipliait les dîners, parfois deux par soir », pourrait avoir préparé le terrain pour sa candidature présidentielle entre autres grâce à cette enveloppe ministérielle, comme l’affirment les deux auteurs à 20 Minutes.

 
 
80 % des frais annuels étaient consommés fin août 2016.
 « S’il était resté, on ne sait pas comment il aurait fini l’année », a déclaré une source à Bercy cité dans le livre.
Macron justifie cette explosion des frais par ses déplacements officiels de ministre.
Problème : les frais de déplacement ne figurent pas dans la même enveloppe que les frais de représentation.
 Si Emmanuel Macron dit vrai et qu’il a utilisé une partie des 150 000 euros annuels de frais de représentation pour ses déplacements, qu’a-t-il donc fait du budget alloué spécifiquement pour les déplacements ? 
 
Contacté par 20 Minutes, l’équipe d’En Marche ! n’a pas encore réagi.
 
En outre, Frédéric Says, l’un des coauteurs de Dans l’enfer de Bercy, nous explique qu’Emmanuel Macron est volontairement imprécis sur un point : « Il laisse entendre que c’était une enveloppe attribuée à lui seulement, alors que c’était pour la globalité du ministère de l’Economie, y compris pour ses deux secrétaires d’Etat de l’époque, Martine Pinville et Axelle Lemaire.
Or ces 120 000 euros de frais de représentation, il les a dépensés pour lui seul. »
 
Deuxième argument
« Pour ma part, je n’ai jamais eu dans mon cabinet un collaborateur s’occupant de ma circonscription. Vous ne l’aurez pas trouvé chez moi, je n’en avais pas, tout le monde était consacré à la tache. »
Explication
 
Bon, la désintox est facile sur ce point : voulant marquer sa différence en pleine tempête François Fillon, le candidat LR soupçonné d’avoir fourni des emplois fictifs de collaborateurs parlementaires à sa femme et ses enfants, Emmanuel Macron a oublié de préciser que s’il n’avait pas de collaborateur en circonscription, c’est tout bêtement car il n’a jamais eu de circonscription, puisqu’il n’a jamais été élu de la République.
 
 
 
 
Troisième argument
« Je suis aujourd’hui le seul candidat à l’élection présidentielle qui n’est pas payé par le contribuable pour faire autre chose. De l’extrême gauche à l’extrême droite, tous les candidats, excepté votre serviteur, sont aujourd’hui payés par le contribuable pour être qui député, qui député européen. C’est une vraie question qu’on est aussi en droit de se poser. »
Explication
 
Emmanuel Macron n’est effectivement plus rémunéré par l’argent public depuis qu’il a démissionné de son poste d’inspecteur des finances fin novembre 2016, son métier d’origine qu’il avait retrouvé après avoir quitté Bercy fin août.
 C’est plus anecdotique, mais quand il dit être le seul candidat à la présidentielle dans ce cas, il fait référence à ses principaux concurrents dans les sondages.
Marine Le Pen, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon sont députés européens, Benoît Hamon, François Fillon et Nicolas Dupont-Aignan sont députés, François Bayrou (qui pourrait se présenter) est maire.
Philippe Poutou (NPA), ouvrier d’usine en Gironde, est dans la même situation qu’Emmanuel Macron.
 
Son poids dans les sondages est certes de 0,5 % des intentions de vote, selon la dernière enquête Elabe pour Les Echos et Radio Classique, mais l’ancien ministre a lui-même inclus l’extrême gauche dans sa démonstration.

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