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jeudi 1 décembre 2016

François Hollande a sous-estimé son bilan

01/12/2016




1 décembre 2016
Dans sa déclaration de non-candidature (une belle innovation dans la Vè République, une de plus de la part de ce Président!), François Hollande a dressé un bilan sommaire de son quinquennat: remise en marche du pays, rétablissement des comptes publics, baisse du chômage, élargissement des libertés (avec le mariage pour tous).
 
En l’écoutant, on se demandait pourquoi il était impopulaire.
En fait, cette impopularité s’explique parce qu’il n’a pas assez vanté toutes ses réalisations.
Je me propose donc de les rappeler, histoire que François Hollande ne se dise pas que tous les Français ont été ingrats avec lui.
 
Des comptes publics brillamment tenus…
 
François Hollande a vanté le rétablissement des comptes publics sous son quinquennat.
Mais il n’a pas mis en valeur la subtile technique qu’il a utilisée pour y parvenir.
C’est vrai que François Hollande a diminué le déficit public d’environ 20 milliards, soit 1 point de PIB. Rappelons que l’engagement de la France était une diminution de plus de 2 points.
Mais supposons.
 Pour parvenir à ces 20 milliards d’économies annuelles, Hollande a agi tout en finesse: les dépenses de l’Etat sont passées de 365 milliards fin 2011 à près de 372 milliards fin 2015.
 Elles étaient de 377 milliards fin 2014. Hollande n’a donc pas baissé la dépense publique!
 En revanche, les recettes de l’Etat sont passées de 275 milliards en 2011 à à près de 300 milliards fin 2015.
 
Autrement dit, et pour le seul budget de l’Etat, Hollande a augmenté les impôts de près de 10% pour réduire le déficit, sans toucher à la dépense.
 
25 milliards de plus ponctionnés sur l’économie française, soit plus de 1 point de PIB, elle est pas belle la vie?
 Un beau bilan en effet…
 
Des obligations réglementaires à foison

Quant aux comptes sociaux, Hollande les a, paraît-il, ramenés à l’équilibre.
 Mais il n’explique pas clairement, là encore, la voie suivie pour y arriver.
Ainsi, pour ce qui concerne les retraites, il a réussi la prouesse d’allonger la durée de cotisations dans la foulée de ce que Sarkozy avait fait, en lâchant, en contrepartie, le fameux compte pénibilité que tous les chefs d’entreprise adorent.
Grâce à cette concession, tous les salariés de France font l’objet d’une paperasse supplémentaire qui dégoûte définitivement de recruter.
 Sans compter que le compte pénibilité encourage les salariés à choisir des postes pénibles, au lieu de les en prévenir.
Dans le domaine de la maladie, Marisol Touraine a suivi une méthode encore plus subtile pour diminuer le déficit: elle a gelé le montant des consultations et écrêté partout où elle le pouvait les remboursements.
La situation est telle que, pour des soins complexes (notamment des greffes de main), les Français vont se soigner aux Etats-Unis.
Dans le même temps, elle a asséché les comptes des laboratoires pharmaceutiques.

Bref, elle a réduit les déficits en diminuant autoritairement les tarifs, sans bouger le petit doigt sur l’ouverture des données de santé ou sur l’organisation désastreuse de l’hôpital.
 
L’implosion scolaire et universitaire française

Dans son discours, François Hollande a aussi vanté les mérites de sa politique en matière scolaire.
Une très belle réussite en effet: le quinquennat Hollande s’est limité à créer des postes (60.000, officiellement) pour occuper les élèves.
 Il n’a pas jugé nécessaire de préciser que le niveau du recrutement a atteint des planchers effrayants, qui expliquent la faillite absolue de l’école publique en France, soulignée à chaque classement de l’OCDE.
Il faut dire que Hollande a soigneusement évité de toucher aux sujets qui fâchent: la gestion des enseignants, déléguée au syndicat communiste FSU qui fait régner la terreur dans les établissements et sabote toute amélioration du système scolaire, l’autonomie des établissements, sujet maudit par excellence, qui est bloquée et permet à des enseignants toxiques d’échapper au contrôle citoyen.
Sur le plan universitaire, rappelons aussi que la France en est arrivée à tirer au sort les étudiants en médecine, ce qui, en soi, constitue une sorte de quintessence incarnée de notre naufrage.
 
Le quinquennat le plus liberticide de tous les temps

Parallèlement, le quinquennat de François Hollande restera comme le plus liberticide de tous les temps.
La prorogation interminable de l’état d’urgence, la loi renseignement, les interventions du CSA, ont considérablement réduit le champ des libertés dans la société française.
 Dans la pratique, François Hollande a ouvert la voie à un fichage généralise de la population française, ponctué par le fameux TES, le fichier centralisé qui permet à l’Administration de tout savoir sur les Français sans le moindre effort, et sans véritable contrôle.
Sur ce point, Hollande a fait très fort, en nommant des personnalités comme Cazeneuve à des postes où l’oeuvre d’étranglement a permis de régler son sort à tout ce qui pouvait échapper au contrôle de la police.
Et on n’évoquera pas ici les interventions probables de Christiane Taubira dans les procédures judiciaires.
 
Les cadeaux faits aux puissants

François Hollande a aussi évoqué son intervention bienfaisante dans la réglementation financière.
 Là encore, on se gausse.
La loi de séparation des activités bancaires a en effet consisté à cantonner moins de 5% des activités risquées dans des véhicules sans commune mesure avec une séparation effective entre activité d’investissement et activité de dépôt.
Incidemment, Hollande a laissé Bercy mener toutes les opérations les plus ahurissantes dont les puissants pouvaient rêver.
 Cela va, bien entendu, de l’autorisation donnée par Macron à Patrick Drahi pour le rachat de SFR, jusqu’à une multitude de mesures techniques inconnues du grand public, mais qui sont autant de cadeaux à la finance dont il s’était déclaré l’ennemi.
Par exemple, Bercy a systématiquement surinterprété les directives communautaires dans un sens favorable aux grands acteurs financiers.
Mais on pourrait évoquer aussi les mesures discrètes de la loi Sapin 2, ou le rétablissement des désignations, poussé par Jean-Marc Germain avec la complicité du gouvernement, qui constitue un véritable crime contre la libre concurrence et un cadeau royal aux assureurs capitalistes.
 
Le naufrage diplomatique français

Enfin, terminons par le plus beau des piliers qui illustrent ce bilan: l’action diplomatique.
 
Sur le plan européen, Hollande a réussi l’exploit de ne rien obtenir pour la France, sauf une sorte d’indulgence vis-à-vis de notre paresse à réformer.

Pour le reste, la France s’est montrée incapable de peser face à l’Allemagne et, plus que jamais, la France est absente de Bruxelles.
Cet abandon explique largement pour quelle raison l’Allemagne a décidé seule d’ouvrir les frontières de l’Union aux migrants, et pour quelle raison le français n’est plus une langue de travail sur le continent.
 
Sur le plan international, la France a par ailleurs perdu toutes les batailles qu’elle a engagées, en dehors de la COP 21.

 Elle a par exemple choisi de faire la guerre à Bachar el-Assad, affaiblissant ainsi le premier rempart dressé contre l’islamisme.
 
Rétrospectivement, François Hollande peut donc se targuer de superbes réalisations…

Dommage qu’il soit si modeste.

eric-verhaeghe

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