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jeudi 4 août 2016

Turquie : faux chiffres et vrais mensonges d’Erdoğan




Le 04/08/2016
Marie Delarue


Bientôt, c’est la moitié du pays qui sera sous clé. De quoi relancer la construction… des prisons.
 
Il existe, au-delà du Bosphore, un délirant qui n’a rien à envier à feu Nicolae Ceaușescu, auquel il commence d’ailleurs à ressembler.
 Atteint d’une même mégalomanie, il vit depuis deux ans dans un palais de 200.000 mètres carrés aux 1.000 chambres luxueuses, a donné son nom au nouvel aéroport, à la nouvelle université et au nouveau stade de foot d’Istanbul, et fait ériger sur la butte de Çamlıca une mosquée géante qui éclipsera, par sa taille, la Mosquée bleue et Sainte-Sophie, et dans laquelle il ambitionne déjà de se faire inhumer comme autrefois les sultans ottomans.
Ce tyran en herbe, c’est le très « religieux » Recep Tayyip Erdoğan, un triste sire auquel nos éminences européennes font toujours miroiter une possible entrée dans l’Union sans même s’apercevoir que c’est lui, Erdoğan, qui se joue de leur lâcheté.
Le 15 juillet dernier, le président turc était victime – ce qui reste à prouver – d’une tentative de coup d’État.
Le putsch opportunément tué dans l’œuf, les arrestations allaient se multiplier jusqu’à atteindre des chiffres hallucinants.
 Au 20 juillet, le quotidien turc Hürriyet, la voix de son maître, annonçait : « Quelque 8.000 policiers, 6.000 officiers de l’armée, 3.000 juges et procureurs, 20.000 enseignants et 1.500 doyens d’université ont été démis de leurs fonctions. Les fonctionnaires mis à pied se sont vus interdire de quitter le territoire, tandis que près de 10.000 militaires, magistrats et policiers font l’objet d’une procédure judiciaire. Mardi [19 juillet], la purge a été étendue à l’audiovisuel, avec 24 chaînes de télévision et radio dont la licence a été suspendue. »

Ce mardi 2 août, le ministre du Commerce turc, M. Bülent Tüfenkci, a annoncé à la presse le coût du coup d’État raté : « Si nous prenons en compte tous les avions de chasse, les hélicoptères, les armes, les bombes et les bâtiments (endommagés), le coût est de 300 milliards de livres au minimum, selon nos premiers calculs. »
 De plus, « de nombreuses commandes de l’étranger ont été annulées et beaucoup d’étrangers ont cessé de visiter la Turquie. Malheureusement, les putschistes ont donné de la Turquie l’image d’un pays du tiers monde avec des chars dans les rues. »
« 300 milliards de livres au minimum », soit la somme rondelette de 90 milliards d’euros !
 Pour un pays dont le PIB est de… 700 milliards d’euros !

Bien sûr, il n’y a qu’Erdoğan et ses sbires pour faire semblant d’y croire.
Pour les autres, « 1/8 du PIB évaporé en l’espace de 12 heures », c’est encore une fiction destinée à camoufler les pertes d’une économie turque déjà bien malade avant le putsch.

Invité mercredi sur France Info, l’économiste Ahmet Insel expliquait que la catastrophe touristique est bien réelle, mais qu’elle avait déjà largement commencé avant le putsch en raison des conflits avec la Russie et des attentats attribués au PKK.

« Les grands bateaux de croisière qui accostent à Izmir et Istanbul ont été annulés à 60 % avant le coup d’État. Après, il y a évidemment eu des annulations supplémentaires. Le chiffre d’un million d’annulations doit être vrai. »

 Et puis il faut ajouter l’effet des purges opérées par le pouvoir turc depuis la tentative de coup d’État, et qui « frappent des pans entiers de la société, de l’armée aux médias en passant par le monde de l’éducation ».
En ce début août, l’épuration continue.
Au moment où le ministre du Commerce diffusait ses chiffres rocambolesques sur le coût du putsch pour la nation, la Fédération turque de football (TFF) annonçait de son côté « avoir licencié 94 de ses membres, dont des arbitres, soupçonnés d’être impliqués dans la tentative de coup d’État ».

Bientôt, c’est la moitié du pays qui sera sous clé.
De quoi relancer la construction… des prisons.

Comme on dit, « Quand le bâtiment va… »

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