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vendredi 20 mai 2016

Casseurs et saboteurs, par Guy Rouvrais

Le 20/05/2016


 

Casseurs et saboteurs, par Guy Rouvrais
   
Ce ne sont plus seulement des casseurs, même s’ils veulent toujours « casser du flic », ils entendent aussi saboter l’économie.
 
 A Rennes, 19 d’entre eux, au visage recouvert de cagoules, ont été interpellés jeudi matin dans plusieurs stations de métro alors qu’ils tentaient de dégrader des systèmes permettant aux rames automatiques de circuler.
 D’autres, ou les mêmes, ont systématiquement vandalisé les distributeurs automatiques de billets sur la façade des banques, en centre-ville au point qu’il y a eu une pénurie d’espèces : « J’ai des clients qui sont venus me voir pour me demander s’ils pouvaient me faire une carte bleue pour leur donner de l’argent liquide », a expliqué une restauratrice.
 D’autres villes sont également touchées.

Il ne s’agit pas d’actes d’individus isolés mais d’une stratégie élaborée pour continuer la « lutte » par d’autres moyens alors que les cortèges s’amenuisent et que Nuit debout a moins de participants. Mercredi soir, à la Bourse du travail, ses organisateurs ont tenu une assemblée générale en présence de représentants du Front de gauche et du leader du mouvement Frédéric Lordon, entre autres, le mot d’ordre a été lancé : « On ne fera rien si on ne bloque pas les productions. »

 
 Et de prôner la convergence des luttes avec les syndicats, il s’agit de bloquer les ports, les trains, les raffineries, ce qui est nécessaire à la vie économique, c’est ce qui se produit actuellement, avec l’appui de la CGT.

Un chargé de cours à l’Université Rennes II, Hugo Melchior, participant à un blocage aux abords d’un dépôt de pétrole Total, justifie ainsi le passage à des actions de sabotage de l’économie, dans les colonnes du Monde : « Pour rendre la situation intenable il faut être prêt à créer un climat de tension maximale avec l’Etat en articulant des manifestations de masse avec une certaine radicalité comme le sabotage économique et la confrontation avec les forces de l’ordre », ce qui revient, par ces derniers mots, à cautionner les agressions dont sont victimes les policiers, quoiqu’il le nie prudemment mais précise néanmoins : « Je n’appelle pas au meurtre de policiers. Mais je parle de violence politique de façon décomplexée, j’explique pourquoi la légalité et le pacifisme intégral ne permettent pas de renverser le rapport de forces. »
 
 C’est donc la lutte violente, voire armée, qui est nécessaire.

On a déjà entendu ce langage-là dans la bouche d’intellectuels et d’universitaires, il y a quelques décennies, au temps où Action directe en France, les Brigades rouges en Italie, la bande à Baader en Allemagne, où tous ceux-là semaient la terreur.
 
Nous n’en sommes pas encore là, fort heureusement !
Mais nous en avons les signes avant-coureurs, car cela avait commencé comme ça : par l’apologie de la tension avec l’Etat capitaliste, les agressions contre les membres des forces de l’ordre, le sabotage de l’économie pour s’achever dans le sang et les actions terroristes, le meurtre de ceux qui incarnaient « l’ordre capitaliste ».
 
 Il est temps que le gouvernement réagisse autrement que par de fermes propos qui ne sont suivis que de molles décisions.
 
Guy Rouvrais
 

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