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samedi 29 août 2015

Radars : la frénésie des flashs à tout va

par Jacques Chevalier
Publié le 29/08/2015 à 09:46 | Le Point.fr


Contrairement aux idées reçues, les radars font l'essentiel de leurs recettes avec les petits dépassements de vitesse, comme ici sur les berges à Paris
Contrairement aux idées reçues, les radars font l'essentiel de leurs recettes avec les petits dépassements de vitesse, comme ici sur les berges à ParisAFP©Thomas Sanson
 

Avec 24 P-V par minute en France, les radars automatiques feraient la preuve de leur efficacité. Mais surtout pour remplir les caisses de l'État
 
Dans un pays aussi cartésien que le nôtre, une évidence aurait dû surgir depuis longtemps.
 S'ils étaient pédagogiques comme le prétendent ceux qui les installent, les radars devraient en toute logique avoir dissuadé les conducteurs.
Et, mission accomplie, avoir été depuis longtemps démontés.
Au lieu de cela, leur nombre ne cesse de croître pour atteindre aujourd'hui 4 215 unités, soit une croissance de 1 032 % depuis 2004.
Plus nombreux mais inégalement répartis, les radars automatiques (vitesse, tronçon, feux rouges) déversent dans les caisses de l'Etat une manne considérable que notre confrère Auto-Plus évalue, dans son dernier numéro, à plus de 740 millions d'euros l'an dernier.
En six ans, leur chiffre d'affaires s'est élevé à 3,9 milliards d'euros pour ces seules cabines et 9,3 milliards pour l'ensemble des P-V, allant du stationnement au radar mobile.
Mais, pour beaucoup, les dépassements sont faibles mais impitoyablement sanctionnés dès le 1er km/h en trop.
La preuve, la cabine radar de La Baule est celle qui a enregistré la plus grande croissance d'infractions avec un bond de + 6 115 % l'an dernier.
 La raison est que la vitesse y a été descendue de 90 à 70 km/h et que les automobilistes habitués étaient loin d'avoir tous enregistré l'information.

Pièges à permis
 
Ils se sont donc fait prendre, par habitude et distraction, confiants dans le fait que la vitesse qu'ils avaient intégrée comme une limite inamovible n'avait pas changé.
 On mesure là le peu d'attention portée aux trajets habituels.
C'est ce qu'on appelle un piège à permis ou un radar-tirelire (lire et voir notre vidéo) car, s'ils traquent le citoyen lambda, ce ne sont jamais eux qui enregistrent les gros dépassements de vitesse.
On ergote donc et on sanctionne les bons conducteurs avec une intransigeance hors de  proportion avec le caractère véniel de la faute.
Même constat pour le radar champion de France situé à Maine-de-Boixe (Charente) et dont les flashs ont bondi de + 956 % l'an dernier.

Voilà de la sécurité routière bien comprise, celle qui consiste à traquer les bons pères de famille et à ne pas attraper les gros délinquants qui font fi de toute règle de sécurité.
Ceux-là sont dans le défi, comme ce motard qui a commis 53 excès de vitesse au même endroit avant de se faire arrêter par des policiers vraiment piqués au vif.
 Ou ce conducteur dont le véhicule a accumulé 94 infractions mais qui a été relaxé.
 Il avait, en effet, prêté son BMW X6 à des amis qu'il s'est bien gardé de dénoncer, comme la loi le lui autorise.

13 % de radars HS
 
Les comportements irresponsables existent, bien sûr, mais il ne faudrait pas les monter en épingle au risque de cacher le vrai dossier de la sécurité routière.
Comme ce chauffeur de bus qui, louant une Audi R8 Coupé, s'est fait flasher sur l'A10 à 267 km/h. L'immense masse des P-V recouvre en effet des infractions à moins de 10 km/h de dépassement de la vitesse légale.
Cependant, ces radars ne sont pas à l'abri d'une défaillance puisque, en moyenne, 13 % d'entre eux sont en panne ou vandalisés.
Il est ainsi très rude d'être un radar corse ou, en 2013 avec les manifestations anti-écotaxe, en Bretagne.
Pas moins de 50 radars – 250 sur tout le territoire - ont subi les pires avanies à cette époque.

De ce point de vue, tous les Français ne sont pas égaux selon le département où ils roulent.
Ainsi, le département des Yvelines détient le record peu enviable du territoire le plus contrôlé avec pas moins de 45 cabines.

Et Paris remporte le titre du nombre le plus élevé de P-V (1 057 009) dressés en 2014 avec pourtant des limitations urbaines parmi les plus basses.

Ce ne sont donc pas les grands excès de vitesse que l'on traque, d'ailleurs très rares aujourd'hui, mais bien les petits accrocs aux limitations qui font le gros des recettes des P-V.

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