Translate

dimanche 17 mai 2015

Chère Madame Hidalgo…



Le 17/05/2015


Chère Madame Hidalgo. J’ai beaucoup hésité avant de vous écrire car, voyez-vous, il n’est pas dans mes habitudes d’étaler mes petites misères au grand jour.

On a sa fierté, quand même.
Mais finalement, après longue réflexion, je me lance.
Voilà ce qui m’amène.
 Le logement, à Paris, est devenu extrêmement cher et, pour tout dire, au-delà de mes maigres moyens.
Je vis dans cette belle ville depuis que je suis tout petit.
 Blondinet aux yeux bleus, je galopais dans les parcs et au bord de la Seine.
 Normal que j’aie voulu rester dans ma ville natale, n’est-ce pas.
 J’y ai un appartement de 100 m² dans le XVe arrondissement.
Mais aujourd’hui, je ne peux plus payer mon loyer devenu exorbitant.
Voilà déjà trois ans que je ne paye pas : j’ai une dette énorme.
Je vais m’en aller…
 C’est triste, mais je ne peux pas faire autrement.
Voilà ce que je me disais, hier encore, avant de tomber sur un court article où le journaliste vantait votre formidable générosité.
 Madame le maire, vous m’avez rendu espoir.
 Je suis certain que vous allez m’aider, me sortir de ce gouffre où je m’enfonce chaque jour un peu plus.
J’ai lu que, pour une association qui était exactement dans le même cas que moi, vous aviez eu un geste d’humanité, oui, j’ose le dire, un geste de fraternité.

Comme moi aujourd’hui, cette association payait un loyer de 1.350 euros par mois pour un appartement de même taille que le mien.
 Comme moi, elle a arrêté de payer son loyer faute d’argent : elle a creusé une dette de 50.000 euros (moi, c’est seulement 49.000).
Comme moi, elle envisageait de déménager pour trouver moins cher ailleurs.

 Et puis, miracle, elle vous a trouvée, vous la bienfaitrice des cas désespérés, la madone des pauvres, la Mère Teresa des sans-rien.

D’un seul coup, vous avez réglé ses problèmes : le loyer de 28.000 euros par an, vous l’avez abaissé à … 100 euros par an, 8,33 euros par mois – ça, c’est dans mes moyens ! –, et puis ce n’est pas tout : vous avez effacé sa lourde dette, pffttt, comme ça, d’un claquement de doigts.

 Quel poids en moins !
 Quelle joie de pouvoir enfin respirer sans craindre l’huissier, l’expulsion, l’opprobre des voisins, la honte…
Et puis, envolée cette hideuse habitude de raser les murs, avec l’impression d’avoir, gravé sur mon front ou tatoué entre mes omoplates l’infamant aveu : « Ce type est endetté ».

 Alors, je me suis dit : « Si elle peut faire cela pour une association, impossible qu’elle refuse la même chose à un p’tit gars comme moi ! »

 Oh, chère, très chère Madame Hidalgo, s’il vous plaît, venez à mon secours, effacez ma dette et supprimez mon loyer, comme vous l’avez fait si généreusement, il y a un mois, pour le Conseil français du culte musulman.

D’avance, je vous en remercie et vous embrasse bien fort.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.