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mardi 24 mars 2015

Manuel Valls, le « ni-ni » et la faute morale


 
 
Le 24/03/2015
 
Cette fois, Nicolas Sarkozy a refusé d’enfiler sa robe de bure de pénitent, et d’aller pieds nus s’offrir en sacrifice à la divinité front républicain. Ras-le-bol.
 
Valls l’a déclaré dès lundi matin : « Le ni-ni de Nicolas Sarkozy est une faute morale. »
On notera que cela fait deux fois en l’espace d’un mois que Manuel Valls utilise les mots « faute morale » pour tancer un adversaire politique.
 Il avait déjà utilisé la formule le 26 février, à propos des quatre parlementaires partis en Syrie pour rencontrer Assad.
Et avec déjà la véhémence, le regard brûlant, les accents implacables de celui qui détient LA vérité. L’atavisme, voyez-vous, c’est souvent plus fort que vous.
Certains gardent de leur ascendance ibérique un penchant pour le chorizo ou les castagnettes, d’autres un goût prononcé pour l’anathème et le procès en sorcellerie : son petit nom est Torquemanuel.

 D’aucuns lui rétorquent timidement que si l’on va sur le terrain de la faute morale, et donc du bien, du mal et des bonnes mœurs, on peut dresser, avec les socialistes, un catalogue plus épais que celui de La Redoute : de DSK à Cahuzac, de Thévenoud à Andrieux, de Guérini à Benguigui, etc.

Peuh ! Tout est question de référentiel.
Sus à la morale ancestrale, vive la morale « amicale » : est désormais vertueux tout ce qui est socialiste, tout ce qui participe à la grandeur du PS, ou en l’occurrence, pour être plus réaliste, à son sauvetage.
 Est réputé peccamineux tout le reste.
Vous me réciterez une dizaine de Je vous salue Charlie devant la niche en ogive de la bienheureuse Christiane Taubira.
 Sauf que, cette fois, Nicolas Sarkozy a refusé d’enfiler sa robe de bure de pénitent, et d’aller pieds nus s’offrir en sacrifice à la divinité front républicain.
 Ras-le-bol.
 Il a décidé d’être nini, et non pas neuneu comme la dernière fois : lors des législatives partielles dans le Doubs, il avait tenté de finasser dans un « libre choix de vote laissé aux électeurs, mais contre le FN », laissant perplexe l’électorat UMP qui, renonçant à comprendre, avait laissé son chef sur le bord du chemin et, pour moitié, joyeusement galopé derrière le Front national.

 Il a laissé cette fois le privilège de la posture obscure et filandreuse du « Je-ne-choisis-ni-l’un-ni-l’autre-mais-quand-même-plutôt-l’un-que-l’autre » à Alain Juppé.

 Mais ce choix à demi courageux trouvera-t-il une résonance auprès de ses propres électeurs ?

Car faire le choix du ni-ni revient à renvoyer dos à dos, comme la peste et le choléra, un programme qui défend une immigration toujours plus massive et un programme qui prône le contraire, un programme s’enferrant dans le laxisme judiciaire et un programme qui prétend y mettre un terme, un programme entendant aller vers toujours plus d’« émancipation » sociétale, et un programme qui promet de s’y opposer.

Comme si Nicolas Sarkozy englobait l’un et l’autre point de vue dans la même réprobation, ou comme s’il jugeait ces sujets secondaires… ce qui n’est pas très cohérent avec la nature de ses propos de campagne, ni audible pour des électeurs UMP qui, en dépit de points de divergence indéniables – en particulier d’ordre économique -, seraient, selon les sondages, majoritairement favorables à des alliances locales avec le FN.

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