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lundi 23 février 2015

A Montreuil, on offre des beaux voyages aux djeuns qui tiennent les murs.

Publié le par Caroline Alamachère - Article du nº 396

Jeunes-Montreuil-Atacama
 Récompensés pour leur effort dans l’étaiement de nos murs permettant à ces derniers une durée de vie plus longue (une pratique possiblement à l’origine du célèbre adage « ils ont construit la France », puisqu’à ce jour aucun autre élément tangible ne vient corroborer cette récurrente assertion), de jeunes Montreuillois répertoriés comme « moins insérés socialement » ont été rigoureusement sélectionnés sur la base de ce critère pour montrer au vaste monde le visage enrichi de la France d’aujourd’hui, tout en leur permettant de « rebondir », on ne sait trop sur quoi.

On avait bien connaissance d’une jeunesse désoeuvrée qui, fortement encouragée par des musulmans ex-modérés passés en phase radicale, s’en allait faire des randonnées pédagogiques en Syrie, mais cette fois c’est un aventurier professionnel qui a décidé de faire bénéficier à six adolescents de Seine-St-Denis d’une traversée du désert chilien, l’Atacama.
Charles Hedrich, à l’origine du projet, se réjouit déjà : « sur place, nous allons faire de belles rencontres dans des villages. Ce sera inoubliable ! ».
On se dit que les Français ont tout lieu d’être fiers de posséder de tels ambassadeurs.
 L’aventurier ne précise pas cependant si, comme ceux partis faire du tourisme en Syrie, il compte les ramener ensuite…
Alors bien sûr le projet suscite déjà des petites jalousies mesquines.
Ainsi, cet internaute qui commente : « La ville de Montreuil a un encours de dette de deux cents millions d’euros à rembourser aux banques. Sans doute le financement de ce superbe voyage au Chili participe-t-il à un plan de désendettement conçu par la nouvelle municipalité élue en mars 2014 ».
 Rhoooo….

 Comme si les questions d’argent avaient de l’importance quand il s’agit de réinsérer des pauvres jeunes en pertes de repères…
Un autre ajoute : « Je trouve perturbant que des jeunes bossent dur, sans beaucoup de moyens pour s’accrocher à se construire un avenir, alors que d’autres qui « tiennent les murs » peuvent faire un voyage magnifique même s’il demande des efforts. Combien de jeunes studieux, démunis, seraient heureux de participer ? ».
 La méchanceté des gens…
Un certain Alain surenchérit avec aigreur « mes enfants n’ont jamais rien eu ! ».
 M’enfin mon pauvre monsieur, que n’avez-vous déscolarisé vos gosses !
 Evidemment maintenant qu’ils sont bien insérés, vous pouvez toujours venir chougner qu’ils n’en seront jamais récompensés.
Ah vraiment, l’égoïsme de certains nous laisse douloureusement pantois…
Heureusement, certains ont le bon goût de remettre ces envieux à leur place, ainsi un certain « Fachoachier » dont le pseudo à lui seul nous éclaire sur l’intelligence d’esprit dont il se sait pourvu : « se sont aussi des petits français et ils ne tiennent pas tous les murs.
 C’est de la jalousie ou de la haine que vous avez envers eux ? ».
 Oui, contester la juste récompense offerte à ces jeunes Français commevouzémoi pour leur allergie à l’effort et pour leur vision personnelle du vivre ensemble en niquant la police dissimule mal la haine fascisante qui habite les esprits des râleurs.
L’un des jeunes chanceux, manifestement coupé de ses origines et semblant soudainement hyper bien intégré en France, appréhende : « Il va faire hyper chaud là-bas, 35 °C au moins, lance-t-il. On n’a pas l’habitude ».
Mais à mon avis le moins facile pour lui, tout de même, sera de boire sa propre urine afin de ne pas gaspiller l’eau rarissime dans la région.

Bien qu’impatient de partir, Haroun déplore l’absence de filles dans cette expédition, à l’ère où les différences sexuelles se doivent d’être abolies et où la parité vend du rêve aux électrices.
 A quoi Djamel, le responsable des murs tenus du quartier, répond dans un « murmure » (oui, l’article est très orienté ‘murs’) que « les filles squattent moins en bas des immeubles » et que « ça serait peut-être compliqué à gérer sur place ».
On comprend à demi mot que Djamel redoute quelque incident de nature copulatoire, consenti ou non, et que cela risquerait d’avoir une influence négative sur l’effort pédagogique de la démarche.

Fatoumata engrossée par un jeune aventurier du Bel-Air aviné à l’urine, avouez que ça ferait mauvais genre.
Tandis que les mâles, récompensés pour leur progressiste incivisme, parcourront les magnifiques paysages chiliens que les quelques prolétaires montreuillois subsistant dans le coin ne pourront jamais s’offrir après toute une vie de travail, Fatoumata et ses copines du quartier, habituellement confinées à la maison pendant que les garçons surveillent la chute des murs et l’arrivée des fourgons de police, continueront tranquillement de préparer le tiep bou dienn familial et les boulettes pour la chorba.

L’égalité hommes-femmes n’est pas encore passée à Montreuil, mais elle reste très fortement attendue.

Caroline Alamachère

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