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vendredi 20 décembre 2013

Deux "Français" tués au djihad au Yémen

Par Georges Malbrunot
Mis à jour le 19/12/2013 à 19:12
Publié le 19/12/2013 à 18:44


Des militaires montent la garde à proximité du ministère de la Défense, début décembre à Sanaa, la capitale du pays.

Des militaires montent la garde à proximité du ministère de la Défense, début décembre à Sanaa, la capitale du pays. Crédits photo : MOHAMED AL-SAYAGHI/REUTERS

INFO LE FIGARO - Ils séjournaient à Dammaj, un centre du salafisme mondial, soumis au blocus des rebelles chiites.
Il n'y a pas que la Syrie comme terre de djihad.
 Depuis de nombreuses années, le Yémen, pays pauvre du sud de la péninsule arabique et patrie ancestrale d'Oussama Ben Laden, accueille de nombreux «étudiants» venus du monde entier pour y parfaire leur connaissance de l'islam sunnite.
 Après un passage par Sanaa, la capitale, on les retrouve en général au centre islamique Dar al-Hadith (la Maison du verset) de Dammaj, ville de 15.000 habitants dans la province de Saada voisine de l'Arabie saoudite, au nord du pays.
Or Saada est le foyer des rebelles houthistes, une secte d'inspiration chiite qui lutte tout à la fois contre le pouvoir central et les salafistes de Dammaj.
Une guerre meurtrière à l'intérieur de l'islam qui se mène à l'abri des regards indiscrets.
Depuis deux mois, les insurgés houthistes assaillent à l'arme lourde le repaire salafiste.

 «Deux Français ont été tués au cours des affrontements», révèle au Figaroun diplomate au Quai d'Orsay.
 L'un d'eux, surnommé Abou Jamal al-Maghrebi, serait originaire de Nice, avec une ascendance marocaine, comme son nom de guerre l'indiquerait.
Une poignée d'autres Français - une demi-douzaine, accompagnés de leurs familles, selon nos informations - seraient toujours prisonniers du blocus imposé par les houthistes.
L'un d'eux Ayyoub Abou Mouad al-Faransi (littéralement «le Français», en arabe) a tout de même pu rédiger sur le site Dammaj-fr.com l'éloge funèbre «du martyr Abou Jamal tombé dans l'explosion d'un obus de mortier de 120 mm tiré par les mécréants terroristes houthistes».
Sur la Toile, les étudiants du centre islamique décrivent des pluies d'obus qui s'abattent toute la journée sur le village, ne distinguant pas les enfants des adultes.
 L'aide des tribus sunnites voisines paraît dérisoire.
«Nous sommes victimes d'une extermination que même les Palestiniens n'ont pas subie et les maisons tombent sur les têtes de leurs habitants», s'alarme sur Internet un apprenti djihadiste.

L'Iran derrière les rebelles

Si les sites islamistes regorgent d'informations, la presse yéménite, elle, observe un strict black-out ; tandis que les ambassades occidentales, qui ont des ressortissants islamistes morts ou blessés à Dammaj, attendent que la Croix-Rouge internationale puisse de nouveau accéder à la madrasa salafiste. «Nous avons pu nous y rendre le 24 novembre pour la dernière fois, affirme une porte-parole du CICR jointe au téléphone à Sanaa.
 Nous avons évacué une quarantaine de blessés, mais nous savons qu'il y en a encore un grand nombre dont l'état est grave et nécessite des soins qui ne peuvent être apportés sur place», ajoute la porte-parole.

 Les djihadistes tués sont en général enterrés sur place.
Ce n'est pas la première fois que des salafistes "français" meurent à Dammaj.
 Le 4 janvier 2012, le site Ansar al-Haq annonçait la mort d'un «frère français, qui s'était organisé pour faire rentrer en France sa femme et ses trois enfants» avant de violents combats contre les houthistes.
 En 2007, un autre "Français" avait été tué, et un Franco-Algérien blessé dans une attaque houthiste.
Depuis, les services de renseignements scrutent d'éventuels retours dans l'Hexagone de ces électrons libres de la guerre sainte.

 L'Arabie saoudite voisine soupçonne l'Iran d'aider militairement les houthistes au nom de sa défense des chiites à travers le monde.

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