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lundi 10 juin 2013

Claire Gallois, merde in France !


Le Point.fr- Publié le

Par

Montebourg, ministre du Redressement productif, devait être la star du gouvernement, il n'en est que le trublion, parfois le clown, jamais le fer de lance.

Parmi toutes les victimes du gouvernement, Montebourg occupe une place privilégiée.

 Il s'est fait complètement entourlouper par Hollande. Pauvre Montebourg, Hollande est trop matois pour lui. Sa nomination au ministère du Redressement productif était faite pour récompenser son bon score aux primaires - dont il avait fait bénéficier Hollande - et l'empêcher de critiquer l'action du gouvernement.

 Nous aurions pu nous douter assez vite que toutes les actions qu'il mènerait ne feraient que jeter une lumière crue sur l'impuissance du gouvernement. Rien que l'énoncé de la chose avait l'air d'une mauvaise blague, puisqu'il signifie "rétablissement des performances d'un pays".

Rétablir ce qui n'existe pas relève du pari impossible.
Mais il s'y est donné, Montebourg ! Le "made in France" étant devenu un enjeu électoral pendant la campagne, il en a fait un outil de communication, à défaut d'une réelle politique de réindustrialisation. Il est devenu l'égérie du "made in France". Il a posé vêtu d'une marinière Armor-Lux, un robot Moulinex dans les mains, un béret de la maison Laulhère, une montre Herbelin. Il s'est accoutré d'une veste de travail pour poser à côté de Carlos Ghosn et se féliciter que 8 000 voitures électriques Zoe soient fabriquées en France. Très médiatique, il n'a cessé de marteler que son ministère n'est pas celui des mondanités, mais celui de l'action et du rassemblement patriotique. Que le consommateur n'hésiterait pas à payer un produit plus cher pour s'associer à l'effort national.
L'État est beaucoup moins patriotique que le citoyen lambda

Parler n'engage que celui qui écoute. Comme nous tous, il avait entendu l'engagement n° 3 du candidat :
"Je favoriserai la production et l'emploi en France. J'engagerai avec les grandes entreprises un mouvement de relocalisation."

Super projet. Lorsqu'on sait (ou plutôt que l'on ignore) que Renault, par exemple, produit une seule voiture sur quatre en France et, aux dernières nouvelles, seules un tiers des Clio sont fabriquées à Flins, toutes les autres, en Turquie. De même que les uniformes de l'armée proviennent du Sri Lanka, les jambières et les brodequins, eux, de Turquie.
 Mieux encore, La Poste, entreprise publique, retire cet été encore à Peugeot la commande de 3 000 scooters pour les acheter à Taïwan. L'État est beaucoup moins patriotique que le citoyen lambda et tout aussi pragmatique. Il achète le produit le moins cher, contrairement à son discours vertueux.

Pendant ces fameuses primaires, Montebourg, qui est un homme sincère, disait vouloir que les salariés deviennent les copropriétaires de leur entreprise. C'était beau comme une illusion. Très vite, il a dû affronter un défi, humainement et politiquement terrible. Il n'a eu que 60 jours pour sauver un symbole, Florange, les derniers hauts-fourneaux de Lorraine. Il s'est battu autant qu'il le pouvait. Il a établi un plan de nationalisation provisoire, cherché - et trouvé - un repreneur. Et s'est fait gravement tacler par Matignon. Montebourg est le seul dont les ouvriers de Florange reconnaissent les efforts. Quant à Hollande, il a eu droit à une plaque de marbre gravée de l'inscription :


"Trahison. Ici reposent les promesses non tenues de F. Hollande. 24/02/2012."

Sans commentaire.
Hollande, un cynique qui garde ses vérités pour lui

Hollande n'est pas un menteur. C'est un cynique qui garde ses vérités pour lui. Il nous croit trop bêtes pour comprendre. Son récent voyage à Tokyo est plein d'enseignements.

 Déjà, il annonce qu'en France la crise de l'euro est derrière nous - une manie contre-productive chez lui. Ensuite, il fait part de toutes ses condoléances au Premier ministre Shinzo Abe pour la mort de dix otages japonais lors de l'attaque d'In Amemas en janvier, mais, comme il se soucie assez peu d'autrui, il dit à tout hasard "chinois". Jaune, c'est jaune, mais quand même.

 Passons sous silence la magnifique réussite des réformes qu'il a engagées en France dont il s'est vanté à Tokyo. Ensuite, à juste titre cette fois, il a félicité le Japon pour sa baisse du yen qui a permis au pays de redresser sa croissance. Et déploré que "cet outil soit rigoureusement interdit en France par les statuts de la Banque européenne". C'est exact.

Ce qu'il ne dit pas : la dévaluation a déjà commencé en France, sans qu'il en lâche un traître mot. Certains journaux économiques en donnent la recette, on l'appelle "la Via Dolorosa" : attendre que les salaires et les prix baissent de plus en plus sous l'effet du chômage.

 Une dévaluation à petit feu, longue et pénible, mais, en cas de réussite (autant dire grande misère), les investisseurs étrangers reviendront vers nous - l'appât du gain est un remède miracle... Alors, garde ton smile, Montebourg, c'est tout ce qui te restera à vendre, très bientôt peut-être.

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