L'ancienne Première secrétaire du PS avait été mise en examen pour homicides et blessures involontaires dans le cadre de l’instruction en novembre dernier. La maire de Lille était poursuivie en tant qu'ancienne haut-fonctionnaire au ministère du Travail entre 1984 et 1987, dans le cadre de l'enquête sur l'exposition à l'amiante de travailleurs de l'usine Ferodo-Valeo de Condé-sur-Noireau (Calvados). La juge d'instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy, alors responsable du dossier, lui reprochait de ne pas avoir pris les mesures de précautions d'usage. Martine Aubry a contesté sa mise en examen fin février devant la cour d'appel de Paris, qui doit donc rendre sa décision le 17 mai.
La polémique : l'Etat mis définitivement hors de cause
Mais selon Le Canard, pour les juges, "aucun fait concret ne prouve que les membres du Comité permanent amiante (CPA), dont ont été membres tous les fonctionnaires blanchis, aient usé de leur influence pour retarder les mesures destinées à circonscrire la catastrophe". Et dans le cas de Martine Aubry, la cour écrit, toujours selon l'hebdomadaire satirique : "Aucun des éléments d'investigation ne met en cause Martine Aubry à titre personnel, concernant les employés de l'usine Ferodo-Valeo".
Un coup de théâtre qui fera polémique. D'abord parce qu'elle intervient deux mois après le dessaisissement brutal – et contesté – de l'instruction de son emblématique juge Marie-Odile Bertella-Geffroy. Précisément celle qui avait mis le doigt sur une éventuelle responsabilité de Martine Aubry dans l'affaire.
Une décision de la ministre de la Justice, Christiane Taubira, qui avait alors éveillé les soupçons : la ministre avait-elle ainsi voulu protéger sa camarade socialiste ? Les confidences du syndicat de la magistrature à Metro abondaient en tout cas dans ce sens. Et le blanchiment de Martine Aubry achèvera peut-être de le convaincre.
Ensuite parce qu'avec tous les fonctionnaires hors de cause (ils étaient sept), c'est l'Etat tout entier qui sort blanchi de l'affaire. Balayant, d'un même coup, sa responsabilité dans le dossier de l'amiante. Pourtant, comme le rappelle Le Canard, son implication dans ce scandale sanitaire n'a jamais été ignorée. Dans un arrêté du 3 mars 2004, le Conseil d'Etat l'avait écrit noir sur blanc : "le caractère nocif des poussières d'amiante était connu depuis le début du XXe siècle et le caractère cancérogène de celles-ci avait été mis en évidence dans le milieu des années 50". Mais "les autorités publiques n'avaient entrepris, avant 1977, aucune recherche ni pris des mesures apte à limiter les dangers liés à une telle exposition". Aucun représentant de l'Etat n'a, ni ne sera donc puni. Pour les associations de victimes, la pilule sera sans doute dure à avaler.